Le rôle central du CRCDC-IdF et des campagnes nationales
Le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers Île-de-France (CRCDC-IdF) est en première ligne. Ses missions : organiser le dépistage, envoyer les invitations, former les professionnels de santé, et mener des opérations de sensibilisation ponctuelles dans le département.
Chaque année, lors de “Mars Bleu” – mois de promotion du dépistage du cancer colorectal –, des stands, conférences, actions en pharmacies et centres de santé fleurissent en Seine-Saint-Denis. Certains événements sont traduits, animés par des médiateurs ou destinés à des groupes de femmes ou de familles, avec des outils adaptés (plaquettes en langues étrangères, vidéos sous-titrées).
- Exemple : Actions itinérantes en bus de prévention de la CPAM 93 dans les marchés de Saint-Denis, Montreuil ou Aubervilliers avec remise de tests et informations sur place.
- Animations en EHPAD ou foyers pour personnes âgées, publics rarement ciblés ailleurs.
- Ateliers collectifs dans les centres de santé municipaux (La Courneuve, Bondy…)
Mais le constat demeure : le taux de participation ne décolle pas, prouvant les limites des campagnes standardisées face aux réalités locales.
Les initiatives de proximité, levier crucial : médiateurs santé et associations
Depuis quelques années, des acteurs associatifs et sociaux se mobilisent pour renforcer la prévention par l’ancrage local et la pédagogie “sur-mesure”.
- Médiateurs en santé : Employés par les villes ou structures médico-sociales, ils vont à la rencontre des habitants là où ils vivent : halls d’immeubles, marchés, lieux d’habitat partagé… Ces médiateurs parlent plusieurs langues et déconstruisent les idées reçues en s’adaptant à la culture du public.
- Associations comme Femmes Relais 93 ou France Assos Santé Île-de-France : Par exemple, elles organisent des ateliers, des cafés-cancers avec témoignages de patients, des permanences pour expliquer les tests, ou accompagner la prise de rendez-vous.
- Alliances avec les réseaux de quartiers : Certains centres sociaux ou maisons de quartier intègrent la thématique des cancers digestifs dans des ateliers nutrition, des journées “santé et bien-être”, pour dédramatiser la prévention en l’inscrivant dans des activités du quotidien.
- Partenariats inter institutionnels : ARS, Assurance Maladie, collectivités locales et associations pilotent des “parcours prévention” à destination de publics vulnérables, couplant dépistage, éducation à la santé, et orientation médico-sociale.
Le point commun de ces initiatives ? Mettre l’accent sur la confiance, le dialogue et l’accompagnement individuel. En 2023, de tels dispositifs ont permis d’enrôler plus de 10 000 habitants en actions de sensibilisation santé dans le département (source : Observatoire régional de santé, ORS-IDF).
Focus sur l’innovation : les outils numériques et la prévention mobile
La crise du Covid-19 a accéléré l’usage du numérique pour pallier la distance et l’éloignement des publics. En Seine-Saint-Denis, de nouveaux canaux ont vu le jour :
- Diffusion de spots vidéo sur les réseaux sociaux locaux (Facebook, WhatsApp, TikTok) expliquant le dépistage du cancer colorectal avec codes graphiques simplifiés.
- Webinaires multilingues sur la nutrition et la prévention des cancers digestifs, parfois animés par des médecins bénévole.
- Applications de e-santé utilisées avec les médiateurs : tutoriels pour expliquer et réaliser le test chez soi, prise en charge de rendez-vous médicaux en ligne pour lever les freins logistiques.
- Envoi de notifications ciblées via les plateformes de la CPAM ou de partenaires locaux pour rappeler les campagnes de dépistage, notamment auprès des personnes éloignées des soins.
Toutefois, l’illectronisme, qui touche 1 personne sur 3 dans certains quartiers du 93 (Baromètre du Numérique 2022), rappelle la nécessité de coupler ces outils à la présence humaine.